Solidarité avec la jeunesse de Turquie et du Kurdistan-Nord

Publié le 29 Juin 2013

Depuis le 31 mai, une lutte exemplaire se déroule dans plusieurs villes de Turquie et du Kurdistan-Nord. Le point de départ a été l’occupation de la place Taksim et du Parc Gezi à Istanbul pour protester contre les projets d’urbanisme délirants du gouvernement « islamo-conservateur » du premier ministre Erdogan. Au départ de cette lutte, nous retrouvons la même étincelle qui a mis le feu au poudre à Notre Dame des Landes, à Val Susa et ailleurs : le refus du peuple de laisser la bourgeoisie détruire son cadre de vie au nom du profit maximum.

Mais la Turquie et le Kurdistan-Nord ne sont pas la France : depuis longtemps le régime a tombé le masque démocratique pour révéler son visage fasciste, et le lourd bilan des mobilisations en témoigne (trois manifestant-e-s mort-e-s, 8000 blessé-e-s, dont plusieurs très gravement).

Consciente de la nature de son ennemi, la jeunesse révolutionnaire et progressiste de Turquie et du Kurdistan-Nord a su élargir sa revendication de la préservation du parc Gezi à la mise en jugement des responsables de brutalités policières et au départ du gouvernement. Le mouvement a fait tâche d’huile et plusieurs syndicats (KESK, DISK) se sont mis de la partie. Le 25 juin encore, plus de 2000 manifestant-e-s réuni-e-s en lisière de la place Taksim, exigeaient la justice pour Ethem Sarisulul, mortellement blessé d’une balle en pleine tête par un policier laissé en liberté. Leur slogan « Contre les fascistes, épaule contre épaule » montre bien leur lucidité et leur détermination.

Depuis de longues années, les peuples de Turquie et du Kurdistan-Nord donnent une magnifique leçon de courage aux révolutionnaires du monde entier : luttes ouvrières, lutte écologiques, luttes pour les droits des femmes et des personnes LGBT, lutte pour les droits du peuple kurde et des minorités nationales (arabophones, arménien-ne-s, grec-que-s…), lutte contre l’oppression religieuse qui pèse sur la minorité alévie (25% de la population). Toutes ces luttes dessinent les contours d’une nouvelle société, merveilleusement belle et vivante.

Face à cette nouvelle société se dressent toutes les forces du vieux monde : l’AKP du premier ministre Erdogan bien sûr, mais aussi les nostalgiques de la dictature « laïque et modernisatrice » de Mustafa Kemal qui regrettent l’époque ou l’État profond (armée, mafia, extrême droite nationaliste) faisait la loi en Turquie. Ces politicien-ne-s tentent d’instrumentaliser le mouvement pour revenir sur le devant de la scène et regagner le terrain qu’ils ont perdu au profit de l’AKP.

Nous avons toute confiance dans la jeunesse progressiste de Turquie et du Kurdistan-Nord et dans ses organisations communistes pour déjouer toutes les intrigues et continuer sa marche en avant.

La lutte contre le fascisme en Turquie passe par la lutte contre l’Impérialisme français

Les communistes et les progressistes de France ont un devoir de solidarité envers la lutte des peuples de Turquie et du Kurdistan-Nord, non seulement parce que cette lutte est une puissante source d’espoir et d’inspiration pour faire la révolution en France, mais aussi parce que l’État français et l’État turc sont solidaires dans la répression.

En octobre 2000, des centaines de prisonnier-e-s politiques turc-que-s et kurdes ont entamé une grève de la faim et de la soif, souvent jusqu’à la mort pour empêcher la construction de prisons cellulaires de type F, prisons laissant les détenus totalement à la merci de leurs geôliers et permettant la « torture blanche » par isolement sensoriel. Deux mois plus tard, l’armée et la police ont donné l’assaut à une vingtaine de prisons pour casser le mouvement, massacrant 28 prisonnier-e-s. Ces prisons avaient été vendues à l’État turc par le gouvernement Jospin, un gouvernement qui se voulait « de gauche » d’un pays qui se voulait « le pays des droits de l’homme ».

Depuis, la collaboration de l’État français avec l’État turc ne s’est pas démentie, cette collaboration n’est pas une simple complicité mais bien une coopération dans la lutte contre les forces révolutionnaires, ennemi commun des deux États.

La Turquie comptait 8010 prisonnier-e-s politiques en 2011 (chiffre officiel), 96 journalistes prisonnier-e-s en 2012, deux records mondiaux, et pourtant l’État français continue à considérer la Turquie comme un « pays sûr » et à piétiner les droits des réfugié-e-s politiques turc-que-s et kurdes. En 2011, des accords, signés entre le ministre français des affaires étrangères Claude Guéant et son homologue Turc Idris Naim Sahin, instauraient une collaboration judiciaire poussée entre les deux États en matière de « traitement » des militants politiques Kurdes sur le sol français. Ces accords n'ont pas été remis en cause par Manuel Valls.

Mieux : non content d’expulser ces réfugié-e-s, l’État français les emprisonne. Il y a aujourd’hui 300 prisonnier-e-s politiques originaires de Turquie et du Kurdistan-Nord dans les prisons françaises, comme notre camarade Nezif Eski qui a fait une longue grève de la faim au printemps dernier pour protester contre les fouilles corporelles déshonorantes des matons de Fresnes.

Si les militant-e-s communistes et progressistes de Turquie et du Kurdistan-Nord sont impitoyablement traqué-e-s par l’État français, les assassins gouvernementaux et fascistes turcs jouissent par contre d’une impunité quasi-totale sur le territoire français. Ainsi le 21 janvier 2012, une manifestation contre la reconnaissance du génocide arménien a réuni tout le gratin de l’extrême-droite turque de France et des pays voisins, avec la bénédiction de la préfecture. Le criminel international Yusuf Ziya Arpacik, responsable de nombreux meurtres et attentats pour le compte de l’organisation fasciste politico-mafieuse des « loups gris » a ainsi pu tranquillement venir de Turquie, manifester et rencontrer ses réseaux sur place. Tout cela au vu et au su de la police antiterroriste française (DCRI) qui s’est contenté de faire fuiter une note interne dans la presse pour prouver que tout était sous contrôle. Tout était tellement sous contrôle que, moins d’un an plus tard, les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan (Rojbin) et Leyla Soylemez étaient lâchement exécutées d’une balle dans la tête en plein Paris.

TAKSIM PARTOUT, RESISTANCE PARTOUT !

Rédigé par OC Futur Rouge

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