La lutte antifasciste n'a pas besoin du PS !
Publié le 30 Mai 2014
Partout dans l'hexagone, des manifestations ont été appelées contre le Front National, qui a fait prés de 25% aux élections européennes. A Lyon, un rassemblement avait eu lieu le lundi soir, sous la banderole : "Ces élections ne nous représentent pas ! Les forces réactionnaires ne passeront pas !". Dans de nombreuses autres villes, de tels rassemblements et manifestations ont eu lieu le soir même.
Le jeudi 29 mai, les officines du PS (le Mouvement des Jeunes Socialistes, l'UNEF, Osez le Féminisme, l'UNL, la FIDL...), des organisations gouvernementales (les Jeunes Ecologistes, les Jeunesses Radicales de Gauche), et d'autres qui ont servi au PS de marchepied (la direction de la Jeunesse Communiste, le Parti de Gauche, la Gauche Unitaire...) ont appelé à des manifestations. Cet appel visait à récupérer la colère et le désarroi populaires pour les rabattre vers la soumission au gouvernement.
Le Parti Socialiste, chaque jour plus honni par le peuple, qui fit moins de 15% des suffrages exprimés lors de ses élections (à rapporter aux ridicules 42% de participation...), essaye donc de se refaire à peu de frais dans cette mobilisation de jeunesse. Ce fut - est-il besoin de le dire ? - un échec.
Après avoir grondé sourdement contre ces manoeuvres, un nombre croissant de manifestants a repris le slogan qui montait : "en manif !" Des slogans contre le PS et le gouvernements ont retentit, la Marseillaise a été sifflée. La banderole "Ces élections ne nous représentent pas ! Les forces réactionnaires ne passeront pas" a été déployée, et a servi de point de ralliement à ceux qui souhaitaient manifester. Peu à peu le cortège a pris de l'ampleur jusqu'à capter l'essentiel du rassemblement initial, soit environ 3000 personnes. La manifestation a donc bien eu lieu malgré les appels désespérés au mégaphone des organisateurs à rester sur la place, ainsi que les intimidations du Service d'Ordre du PS. Des membres du PS ont été insultés par des militants fidèles au combat progressiste, et penauds, sont partis.

A l'image de ces manifestants, les masses populaires, dans leur grande majorité, s'inquiètent des conséquences de la poussée du FN. Un grand nombre de personnes souhaitent et attendent des mobilisations pour voir changer cette déplorable situation. Mais les masses populaires ne souhaitent pas non plus servir de paillasson au Parti Socialiste, qui expulse roms et sans papiers, qui gèle les pensions, attaque l'assurance maladie et démolit l'assurance chômage, et instigue la guerre et la dévastation en Ukraine comme en Syrie, après avoir mené des guerres d'agression dans de nombreux pays. Ces élections ont certes donné 25% des suffrages exprimés au Front National, mais ce score doit lui aussi être rapporté au 42% de participation. Parallèlement le PS a fait 14%, ce qui est une bérézina. L'UMP, avec ses 20%, fait à peine mieux. Plus encore que le score du FN, cette élection se fit sous le signe de la défiance aux partis "de gouvernement", à savoir le PS, l'UMP, l'UDI et les Verts. Leur capacité de mobilisation s'est effondrée. Le FN, qui, lui, continue à mobiliser (bien que restant, en nombre de voix, en dessous de son score des Présidentielles), n'a remporté ici qu'une victoire à la Phyrrus : il est resté le seul en lice, faute de combattant-e-s.
Dans ces conditions, on comprend que la mascarade démocratique, le cirque électoral, ne parviennent plus à servir de soupape au mécontentement. Le vote FN, lui, est la dernière soupape électorale du système capitaliste en décomposition. Par conséquent, ce qui est dangereux, ce n'est pas le FN seul, en lui-même. C'est de le voir se développer et propager ses idées du fait même de l'effondrement des autres forces politiques. Ce qui est dangereux, c'est de voir l'UMP et le PS aux abois se coucher, faire concessions après concessions au FN, adopter tout ou partie de son programme, et, pris de panique, de nouer de plus en plus d'alliances avec lui.
Le FN n'est pas en tant que tel un parti fasciste (même si ses idées le sont) : il ne mobilise ni n'organise pas les masses, il n'a pas de milices, il a peu de notables et d'implantation conséquente sur le terrain ou dans l'appareil d'Etat. Le FN est un parti électoraliste, un parti de la télévision. Il ne peut à lui tout seul mettre en place un régime fasciste. S'il devait demain, dans l'Etat français, y avoir une menace fasciste, ce ne serait point le fait du seul FN, mais tout autant du PS et de l'UMP qui en viendraient à le mettre en place avec lui. Valls, et ses mesures racistes, policières et antidémocratiques, est tout aussi dangereux que Marine Le Pen. C'est de l'ensemble du système capitaliste en décomposition que découlerait une éventuelle menace fasciste.
Cette manifestation fut l'occasion pour nous, et d'autres, d'affirmer qu'on ne peut pas combattre le FN si on ne combat pas ceux qui créent les conditions de la montée du FN. Il est impossible de combattre efficacement la poussée du Front National, si l'on ne mène pas l'offensive sur toute la ligne de front, si l'on ne combat pas du même coup, les attaques d'une portée sans précédent du gouvernement PS, contre le droit du travail, l'assurance maladie et l'assurance chômage. Qu'il s'agisse du FN, de l'UMP ou du PS, tous les partis du capitalisme constituent, aujourd'hui, la réaction sur toute la ligne.
A bas le Front National et ses idées nauséabondes !
Aucune unité n'est possible avec les partis gouvernementaux !
Hors du pouvoir les ennemis du peuple !
Mobilisons-nous pour défendre nos acquis sociaux et démocratiques !
Unité populaire par delà les frontières ! Antifascistes et révolutionnaires !
