Communiqué de soutien aux Rroms de Fives

Publié le 7 Novembre 2013

Lundi 28 octobre à 6h45, le camps de Roms de 4 Cantons, situé sur le campus de Lille 1, a été démantelé: caravanes, leurs seules maisons, envoyées la fourrière ou détruites. Sans perspectives, les personnes ont finalement trouvé refuge pour la nuit à la Bourse du travail de Fives, les syndicats et notamment Solidaires, présents sur place réalisant l'unité pour permettre leur accueil.

Alors que l'occupation était censée être temporaire, elle dure depuis maintenant plus d'une semaine, malgré les mobilisations exigeant le relogement des Rroms, situation témoignant du racisme dont l'Etat et la mairie font preuve vis à vis des Rroms.

C’est toujours la même histoire et c’est souvent les même gens. 16 à 17 000 personnes dans tout l’Etat français, à qui la bourgeoisie au pouvoir pourrit la vie depuis des années. A l’époque de Sarkozy ont les expulsait vers la Roumanie ou la Bulgarie, où ils n’avaient plus nulle part ou aller, avec 300 euros par adultes (et 100 euros par enfant) que la mafia locale leur confisquait à l’aéroport. Ensuite, ils/elles n’avaient plus rien à faire que de revenir. Désormais se contente de leur pourrir la vie, de leur boucher tous les horizons, de les empêcher de travailler et de scolariser leurs enfants, de les empêcher simplement de se poser et de reprendre des forces. En espérant qu’ils finissent par se lasser et qu’ils aillent… Qu’ils aillent où, au fait ? Au diable ?

 

Ce qui se passe dans l’Etat français en ce début de XXIème siècle, c’est une sorte d’extermination à bas-bruit, une extermination par épuisement… Si l’Etat se décidait à leur bâtir des camps de concentration en dur, au moins les choses seraient claires, les humanistes pourraient s’indigner et la ministre Duflot quitter enfin le gouvernement.

 

A force d’entendre le ministre Valls se vanter chaque semaine d’avoir fait expulser un nouveau camp, on pourrait croire qu’il y a des millions de Rroms dans l’Etat français. Malgré les promesses du candidat Hollande qui promettait « pas d’expulsion sans solution », c’est pourtant toujours les mêmes 16 à 17 000 qu’on expulse et qu’on ré-expulse de semaine en semaine…

Et ce sont les même 16 à 17 000 personnes qui seraient responsables de tous les maux du capitalisme : de la montée du chômage, de l’insécurité et de la misère…et même des trains qui arrivent en retard.

En réalité les Rroms ne sont pas les responsables des maux du capitalisme, ils/elles en sont les premières victimes : premières victimes du chômage, de l’insécurité, de la misère, des mafias…Ils/elles sont de notre camp et c’est pourquoi notre bourgeoisie cherche à détourner sur eux/elles notre colère. Pour oublier que c’est le capitalisme qui rend notre vie de plus en plus difficile et la vie des Rroms inhumaine.

le ministre Valls déclaire que « les occupants des campements ne souhaitent pas s'intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu'ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution », le maire UMP de Croix (Nord) qui déclare que « si un Croisien commettait l’irréparable contre un Rrom il le soutiendrait ». La mairie de Lille fait sa part dans cette politique en faisant, par exemple, parvenir aux habitant-e-s des quartiers populaires de Lille des courriers anti-roms. Des manifestations anti-Rroms ont eu lieu dans de nombreux quartiers de Lille. . Qu'un restaurant prétendument antifasciste prévienne des militant-e-s accompagnant une rrom sortant de l’hôpital que c'est la première et dernière fois qu'ils viennent avec une Rrom est significatif de combien la propagande raciste de l'Etat porte ses fruits.

Une tentative, le mardi 29, d'occupation de l'ancienne Bourse du travail de Lille, immense bâtiment inoccupé depuis un an, a eu lieu. Certaines familles et militants arrivent à pénétrer sans effraction mais la police est intervenue, empêchant l'entrée de tous et toutes. Après réunion à la préfecture, les Rroms ont été expulsé-e-s, et sont revenu-e-s à la bourse de Fives. Nous somme aujourd'hui à une semaine d'occupation de cette Bourse et la mairie renvoie les militant-e-s à la préfecture qui les renvoie à la mairie.

L'Etat, la mairie sont les ennemi-e-s déclaré-e-s des Rroms, mais il existe aussi de faux amis. Nous dénonçons l'hypocrisie de l'Union Européenne : la commissaire européenne à la justice Viviane Redding accusait en septembre 2010 la France de discrimation raciale. Nous dénonçons l'hypocrisie des Verts : la ministre du logement Duflot dénonce les propos de Valls, mais a signé avec lui la circulaire ministérielle d’août 2012 qui organise les expulsions de squats et les démantèlements de camps. Les ministres sont par définition solidaires de la politique du gouvernement auquel ils/elles participent. Quant aux commissaires européen-ne-s ils/elles sont solidaires de la politique de la commission de Bruxelles qui a organisé le pillage des pays d’Europe de l’est et la libéralisation de leur économie pour le plus grand profit des grandes puissances impérialistes de l’Ouest, France et Allemagne en tête et pour le plus grand malheur des populations les plus fragiles de ces pays dominés ( minorités Rrom en tête). Il est totalement hypocrite de s’étonner ensuite que ces populations réduites à la misère et à l’errance soient victimes de racisme dans les pays où elles tentent de se réfugier et de survivre.

Nous ne sommes pas de celles et ceux qui se contentent de charité, nous ne sommes pas de petit-e-s bourgeois-e-s qui voient dans les conditions faites aux Rroms, poussé-e-s à l'errance, un mode de vie exotique. Nous les considérons comme nos égaux, frères et sœurs d’oppression aujourd’hui, frères et sœurs de combat demain, partie intégrante de notre Révolution. Et nous leur reconnaissons les même droits qu’à nous : pas seulement la liberté de circulation pour errer de misère en misère, mais le droit de travailler (qui leur est dénié par l’Etat français, qui se plaint ensuite de leur manque de volonté de s’intégrer) et les conditions matérielles qui leurs permettront de travailler : le droit à un logement décent, le droit de scolariser ses enfants, le droit à des formations professionnelles. Et le droit de renverser le capitalisme pour imposer ses droits.

C'est pour cela que les initiatives impulsées par le collectif de soutien aux rroms de Villeneuve d'Asq ont été importantes. Le camp de Lille 1, a permis de développer la solidarité entre étudiant-e-s, personnel et rroms et ce malgré les pressions de l'administration : le secrétariat de l'iut a fait circuler une pétition pour exiger l'expulsion des Rroms, une membre du personnel a été menacée de licenciement pour avoir refusé de rejeter les jeunes Rroms venant jouer au baby foot dans la maison de l'étudiant.

Les militant-e-s ont aidé les Rroms à faire des crêpes à proposer aux étudiant-e-s et personnels de l'université, leur ont donné des cours de français. Cela a permis de créer une solidarité réelle entre rroms, étudiant-e-s et personnel.

Exiger le relogement de tous et toutes est une revendication juste. Les Rroms aspirent à une vie décente et paisible, comme les gadjés et comme tout le monde. Tout le monde a besoin de se sentir chez lui/elle, personne ne gagne en se battant seul-e. Seules la lutte et la révolution socialiste apportera à tou-te-s une vie décente et paisible ou plus personne ne sera forcé à mendier, à faire les poubelles, à s’humilier ou à se vendre pour survivre. C’est pour cela que nous luttons.

Nous tenons à féliciter les mlitant-e-s investi-e-s autour des Rroms, notamment les organisations Sud Etudiant Lille et le collectif solidarité Roms. Le quotidien s'organise grâce à des militant-e-s des plus motivé-e-s. Les militant-e-s se relaient jour et nuit pour apporter de l'aide aux rroms. Néanmoins, bien que neuve, la bourse du travail de Fives n'est pas équipée au point de vue sanitaire pour héberger qui que ce soit.

En outre, cela maintient les rroms dans une situation de dépendance qui leur est insupportable comme elle l'est aux militant-e-s.

La lutte se structure au sein d'une intersyndicale, les syndicats de cette Bourse, avec à ce jour la FSU, CGT, Solidaires. Rassemblements et manifestations sont organisés pour faire entendre les revendications suivantes: la réunion immédiate d'une table ronde réunissant tous les acteurs concernés, une évaluation globale de la situation sanitaire et sociale des 50 enfants et de leur famille. Rroms et militants sont déterminé-e-s malgré la fatigue qui s'accumule, à comme un communiqué des Rroms le déclare, faire tomber " les barrières qui sont devant nous depuis des années", à continuer "les manifestations jusqu’à ce que ceux qui nous ont expulsés nous acceptent !" .

Loin de la logique misérabiliste humanitaire, c'est de solidarité de classe que nous avons besoin. Nous soutenons la convergence qui s'opère entre le mouvement de Rroms et les les mouvements lycéens après les expulsions des sans-papiers Léonarda et Khatchik ainsi que les salariés de la Redoute.

Le responsable de la dégradation des conditions de vie des classes populaires, ce n’est pas l’immigration Rrom, c’est la crise du capitalisme !

Ce n’est pas les Rroms qu’il faut expulser, c’est le capitalisme qu’il faut détruire !

Droit au travail, à la formation et au logement pour tou-te-s !

PCMF / OCFR

Communiqué de soutien aux Rroms de Fives

Rédigé par OC Futur Rouge

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